Plus à dire #13 : Imre Kertesz

Nous vivons à l’ère de la catastrophe, chaque homme est un porteur de la catastrophe, c’est pourquoi il nous faut un art de vivre particulier si on veut survivre.

L’homme de la catastrophe n’a pas de destin, pas de qualités, pas de caractère. Son environnement social effroyable – l’Etat, la dictature, appelle cela comme tu veux – l’attire avec la force d’un tourbillon vertigineux jusqu’à ce qu’il cesse de résister et que le chaos jaillisse en lui comme un geyser brûlant – et que le chaos devienne son élément naturel. Pour lui, il n’y a plus de retour possible vers un centre du Moi, vers une certitude inébranlable et indéniable du Moi : il est, au sens le plus propre du terme, perdu. L’être sans Moi, c’est la catastrophe, le Mal véritable et, bizarrement, sans être mauvais lui-même, il est capable de tous les méfaits. Les paroles de la Bible sont à nouveau d’actualité : résiste à la tentation, garde-toi de te connaître, sinon tu seras damné.

Imre Kertesz, Liquidation

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