Sur le monticule de la Forêt-Noire, le silence dure. Le regard de Yoschko est fixe. Il ne sait plus à quel paysage il appartient. Là-bas, à Kfar Ezra [un kibboutz, NDMad], le combat est plus facile. L’élan conjugué de tous. La marche en avant. Une idéologie puissante. Et aussi l’ennemi derrière les frontières. La menace fait l’unité. Sans la guerre, Israël est concassé. Les dissensions fatales. Mais, de retour dans le pays de son adolescence, Yoschko se découvre seul.
Ses parents l’avaient envoyé en Allemagne. Yoschko, jeune, avait appris à résister aux bruits terribles qui montaient depuis la Bavière. Ils allaient prendre le pouvoir. De là cette contenance chez lui. L’effort continuel de surmonter un grondement où se mêlent sifflets, cris, ordres hurlés, démarrages de trains et de camions, crépitements de hauts fourneaux. Le pouvoir de cette forêt. Yoschko troublé. Je me sens de trop dans ce reflux qui l’accable. Il m’inquiète. Lire la suite Dazibao #47 : Reiner Schürmann